Interview pour Raïka, ancienne opérée du cœur (Cindy Damaye)
La Fondation Un Cœur soutient la chirurgie cardiaque vétérinaire !
Raïka est une jeune chienne Berger Australien, opérée d’une malformation cardiaque appelée persistance du canal artériel. Son cas était très évolué au moment de l’opération et elle a pourtant très bien récupéré. Voici le témoignage de sa propriétaire, Cindy Damaye, qui raconte tout leur parcours pour vaincre la maladie.
- Pouvez-vous nous présenter Raïka et comment vous êtes venue à l’adopter ?
Je recherchais un chiot, en particulier un Berger Australien, et j’ai fini par trouver une annonce concernant une portée de deux chiots. J’ai appelé les propriétaires avec qui nous avons bien discuté. Ils m’ont donc envoyé des photos. Il y avait un mâle et une femelle. J’ai un peu hésité mais à force de la regarder, j’ai flashé sur la femelle. Raïka est née le 26 octobre 2020 et je l’ai récupérée le 24 décembre. Elle était mon propre cadeau de Noël.
- Comment vous êtes-vous rendue compte qu’elle était malade ?
Avant l’adoption, les propriétaires ont emmené les chiots chez le vétérinaire pour faire les vaccins et leur mettre une puce. C’est là que le vétérinaire leur a signalé la présence d’un souffle au cœur chez Raïka. Quand ils m’ont appelé pour me l’annoncer et savoir si je souhaitais tout de même la prendre, cela m’a fait un gros coup au moral car elle était vraiment mon coup de cœur. J’ai donc demandé à ce qu’une échographie et une radiographie soient réalisées avant de me décider à l’adopter.
- Qu’ont donné les examens ?
Les propriétaires m’ont dit que le vétérinaire chez qui ils avaient présenté Raïka n’avait pas jugé ces examens nécessaires car il arrive que les chiots présentent des souffles qui disparaissent à l’âge adulte. J’ai appris plus tard qu’ils n’avaient en réalité jamais demandé à ce que les examens soient faits. Dans tous les cas, j’ai décidé d’adopter Raïka en fin de compte.
- Mais vous avez vu que quelque chose n’allait pas malgré tout ?
Quand je l’ai récupéré, j’ai remarqué qu’elle avait une boule sur le dos donc je l’ai emmenée chez mon vétérinaire. Il se trouve que ce n’était qu’une réaction due à la vaccination, mais le vétérinaire m’a dit que ce qu’il entendait était un assez gros souffle. Il m’a recommandé de tout de même faire une échographie chez un de ses confrères spécialistes.
J’ai donc pris rendez-vous le 5 janvier pour l’échographie. Raïka a eu droit à une échographie complète. Là, ça a été la douche froide car le vétérinaire m’a annoncé qu’elle avait un grave problème au cœur et qu’il ne lui donnait pas un an à vivre si on ne l’opérait pas. Il m’a expliqué qu’il y avait plusieurs types d’opérations possibles et qu’il allait contacter d’autres vétérinaires pour en discuter avec eux. Le soir-même, il m’a rappelé pour me dire qu’ils étaient d’accord avec lui : Raïka avait besoin d’une opération. Je lui ai demandé de m’indiquer le meilleur cardiologue possible, car quitte à tenter de sauver Raïka, autant se donner tous les moyens. Il m’a donc orienté vers le Professeur Valérie Chetboul, avec qui j’ai pris rendez-vous le 27 janvier.
- De l’extérieur, est-ce que vous-même vous remarquiez que Raïka était malade ?
Pas tellement mais quand on la tenait, son cœur battait tellement fort qu’on avait l’impression que quelqu’un nageait dans son thorax. Au début on pensait que c’était le stress du voyage de l’adoption mais en fait non, pas du tout.
- Comment s’est passé votre rendez-vous à l’Unité de Cardiologie d’Alfort ?
On y a passé la journée. Là encore il a été confirmé que Raïka présentait un bon souffle au cœur. Les cardiologues ont passé beaucoup de temps avec elle pour aller à son rythme et éviter qu’elle ne stresse trop. Après l’échographie cardiaque, ils m’ont proposé de lui faire passer une radiographie du thorax car ils suspectaient de l’œdème pulmonaire. J’ai accepté et j’ai bien fait car la radio était positive : Raïka avait les poumons remplis d’eau. Elle aurait pu ne pas passer le week-end sans traitement.
Tous ces examens ont aussi permis de préparer l’opération. A 3 millimètres près, l’artère fémorale de Raïka était assez grande pour permettre de l’opérer par là, sans ouvrir son thorax et donc avec moins de risque opératoire. Avant l’opération, il était par contre nécessaire de faire diminuer l’œdème pulmonaire et de veiller à ce qu’elle continue de grandir.
- Comment vous vous sentiez face à toutes ces informations ?
J’avais peur et j’étais en larmes à longueur de temps à cause du stress la semaine précédant l’opération. J’ai essayé de faire en sorte qu’elle ne le ressente pas mais elle est très intelligente et elle m’aboyait dessus quand je pleurais. Ma hantise était que je parte travailler et que je retrouve mon chien mort à mon retour. Mais j’ai de super voisines qui passaient voir si tout allait bien en mon absence.
- Comment s’est déroulée l’opération ?
Elle a eu lieu le 5 février 2021. Il fallait que Raïka soit le moins stressée possible pour l’opération donc je n’ai pas pleuré quand je l’ai laissée. Elle m’a regardé comme pour me dire que ça allait bien se passer et qu’on allait se revoir.
On avait réussi à faire diminuer l’œdème avec le traitement. Pendant toute l’opération, j’ai été en contact direct par message avec un des membres de l’équipe de cardiologie pour me dire quand elle était anesthésiée etc. A un moment, ils m’ont appelé pour me dire qu’ils étaient bloqués et que c’était compliqué. Là, ça a été la panique à bord pour moi. Quinze minutes après, ils m’ont rappelé. J’ai hésité à répondre car j’ai cru que c’était pour me dire que c’était fini, mais pas du tout ! C’était pour m’apprendre que le dispositif était bien en place, qu’ils terminaient de refermer l’artère puis qu’elle allait aller dans les bras d’une jeune vétérinaire de la Fondation Un Cœur pour le réveil, afin de limiter son stress. J’ai eu le droit à un appel et à une petite photo quand Raïka était bien réveillée. Tout s’est très bien passé donc je l’ai récupérée dès le lendemain de l’opération.
- Comment s’est passé sa récupération après l’opération ?
Après l’opération, je me suis mise en arrêt pour m’occuper d’elle. Ça a été très compliqué parce qu’elle devait rester en cage pour éviter qu’elle ne saute ou qu’elle ne coure. Il fallait absolument que le dispositif ne bouge pas du tout. Je vis au 4ème étage sans ascenseur donc pendant un mois j’ai dû la porter dans les escaliers pour l’emmener faire ses besoins. A la fin, elle avait tellement grandi qu’elle était trop lourde et que je ne pouvais plus la porter sur tout le trajet.
Je suis restée en contact avec un des membres de l’équipe de cardiologie, que je remercie vraiment car elle est restée à mon écoute et m’a donné beaucoup de conseils. Un jour Raïka a eu une fréquence respiratoire très élevée donc je lui ai envoyé un message. Elle m’a conseillé de faire une échographie chez un vétérinaire pour vérifier que le dispositif est toujours en place. Il n’y avait pas de problème et on en a conclu qu’elle ne respirait comme ça que parce qu’elle ne supportait pas de rester en cage. Je l’ai donc laissé sortir à partir de là, en veillant à ce qu’elle ne saute pas trop sur le canapé ou le lit.
- Comment se sont déroulés les contrôles post-opératoires ?
Tout évoluait bien mais Raïka n’a pas eu le droit de courir avant le 9 juin, jour où on m’a dit qu’elle était complètement guérie. Elle est toujours sous traitement car on m’a dit qu’il fallait compter un an pour être sûr que tout était réglé. Il faut que je continue de faire attention à ne pas la fatiguer, c’est-à-dire ne pas trop jouer à lancer la balle par exemple, car elle va continuer à courir pour aller la chercher pour me faire plaisir alors qu’elle est fatiguée.
- Aujourd’hui, comment va Raïka ? Y a-t-il encore des choses à surveiller pour le reste de sa vie ?
Aujourd’hui, elle a retrouvé une vie de chien : elle joue, elle court… On a pas mal de travail à faire sur la sociabilisation avec les autres chiens et sur l’éducation car comme elle n’a pas pu beaucoup sortir, elle est peureuse et aboie souvent.
A priori il n’y a pas de risque de rechute. Elle a un dernier contrôle le 12 octobre prochain et ensuite elle aura tout de même un contrôle échographique annuel.
- Avez-vous quelque chose à ajouter pour terminer cette interview ?
Je tiens à remercie tout le monde : les vétérinaires – ceux de l’UCA mais aussi mon vétérinaire le Dr Zeboulon et son associé, ainsi que l’assistante de l’UCA qui est restée en contact avec moi – et ma famille. Tout le monde a été très à l’écoute. Merci à ma Maman qui m’aide à financer cette opération qui est chère. Pour les autres personnes dans mon cas, je les encourage à ne pas hésiter à faire des cagnottes sur les réseaux sociaux et une page Instagram afin de récolter des fonds pour ce type d’opérations. C’est assez sympa car j’ai même rencontré un couple qui avait suivi l’histoire de Raïka lors d’un des contrôles échographiques à l’UCA.
Raïka et sa propriétaire, Cindy Damaye
Pour des images de l’opération, allez voir cet article : (lien à ajouter)
Et vous pouvez suivre les aventures de Raïka sur son compte Instagram @raika2610.