L’implantation de pacemakers, pratique courante en cardiologie humaine lors de troubles du rythme cardiaque, se développe de plus en plus chez l’animal, le 1er pacemaker ayant été implanté chez le chien en 1968. Elle présente un réel intérêt clinique pour corriger, comme chez l’Homme, des arythmies incurables par traitement médical classique. La Fondation Un Cœur vous explique le principe et les avantages de cet outil.
Un pacemaker, comment ça fonctionne ?
Egalement appelé « stimulateur cardiaque », le pacemaker comporte un boitier dit « de stimulation », incluant une batterie (ou pile au lithium) ainsi qu’une ou plusieurs électrodes à positionner sur ou dans le cœur (voir photos 1 et 2). Ceci permet de déclencher des contractions cardiaques, en envoyant des stimuli électriques au muscle du cœur (ou myocarde).
Photo 1 : Les différents composants d’un pacemaker
Photo 2 : Radiographie d’une chienne croisée Yorkshire, qui présentait à la fois des syncopes quotidiennes et de l’œdème pulmonaire résistant au traitement médical en raison d’une arythmie grave : un bloc atrioventriculaire du 3ème degré (fréquence cardiaque avant pose du pacemaker : 40 bpm seulement ; fréquence cardiaque après pose du pacemaker : 100 bpm). Le pacemaker est positionné dans l’abdomen et l’électrode suturée au cœur après avoir traversé le diaphragme
Un programmateur (voir photo 1) permet de régler les différents paramètres de la pile (intensité du courant, voltage, durée de l’impulsion électrique, fréquence cardiaque souhaitée, etc). Les pacemakers les plus sophistiqués disposent même de systèmes permettant de détecter l’activité de l’animal (capteur piézo-électrique ou accéléromètre inséré à l’intérieur du boîtier de stimulation). La fréquence cardiaque peut ainsi augmenter si nécessaire, lorsque l’animal est plus actif ou lorsqu’il court. Le cardiologue vétérinaire programmera alors une fréquence cardiaque de base minimale et une fréquence cardiaque maximale délivrée par la pile, lorsque l’animal est respectivement au repos ou actif. Attention ! Comme toute pile, celle du pacemaker s’use d’autant plus vite que l’on s’en sert : afin de préserver une durée de vie de quelques années, la fréquence cardiaque maximale ne doit pas être trop élevée !
La pose d’un pacemaker temporaire externe peut être envisagée dans des centres spécialisés dans un contexte d’urgence, afin de stabiliser la fréquence cardiaque, le temps d’implanter dans un deuxième temps un pacemaker définitif. C’est ce qui avait été réalisé pour sauver la petite chienne Labrador Gina, atteinte d’un grave trouble du rythme dénommé « bloc atrioventriculaire du 3ème degré ». Si vous voulez revoir ce post, cliquez sur les liens suivants : https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1634210043277475&id=627263943972095 et https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=2528483613850109&id=627263943972095.
L’implantation définitive du pacemaker se fait généralement de deux façons selon le format de l’animal :
– par voie transdiaphragmatique : si l’animal est de petite taille, le boîtier est positionné dans l’abdomen et l’électrode, reliant le boîtier au cœur, passe à travers le diaphragme, et est suturé sur la pointe externe du cœur ou épicarde (voir photo 2) ;
– par voie endocavitaire : si l’animal est de plus grande taille, le boîtier est alors fixé dans la région de l’encolure et l’électrode est positionnée à l’intérieur du cœur en passant par la veine jugulaire, comme pour Gina. Pour relire son histoire, c’est ici : https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1486296381402176&id=627263943972095.
Pourquoi avoir recours à un pacemaker ?
Cet outil sert à corriger des troubles du rythme cardiaque particuliers, l’indication la plus fréquente chez le chien étant ceux caractérisés par une diminution majeure de la fréquence cardiaque (ou bradycardie).
Cette technique présente de nombreux avantages : l’implantation d’un pacemaker permet de traiter immédiatement les troubles cardiaques ne répondant pas à un traitement médical, de corriger les signes cliniques associés (fatigabilité à l’effort, voire au repos, syncopes, toux et difficultés respiratoires en raison d’un œdème pulmonaire) et ainsi d’augmenter l’espérance des animaux opérés.
Le pacemaker est par ailleurs le seul traitement efficace à court et à long terme de certaines arythmies, comme celles caractérisées par une « coupure » intermittente ou permanente du circuit électrique naturel qui existe à l’intérieur du cœur entre oreillettes et ventricules : blocs atrioventriculaires de type 2 de haut grade (BAV2) ou de type 3 (BAV3), respectivement.
Quels critères le chien doit-il remplir pour être éligible à l’implantation d’un pacemaker ?
Idéalement, l’arythmie du chien ne doit pas être d’origine extracardiaque. De plus, avant la pose, le chien doit passer une évaluation complète de son état : examen clinique approfondi, prises de sang, radiographies, électrocardiogramme et échocardiographie couplée entre autres à un examen Doppler tissulaire, pour être sûr que l’opération présente un risque minimal. Toute infection ou inflammation cardiaque doit également être exclue.
Et une fois le pacemaker posé ?
Une fois l’animal opéré, il est nécessaire de faire un contrôle électrocardiographique et radiographique. Il faut ensuite faire une surveillance régulière des paramètres cardiaques, tous les 3 à 6 mois, notamment avec un électrocardiogramme et une échocardiographie. Les paramètres de la pile décrits ci-dessus, dont sa longévité, doivent également être vérifiés régulièrement.
Les seuls inconvénients de cette technique sont son coût et le fait qu’il s’agisse d’un acte non anodin, hautement spécialisé, nécessitant des compétences bien spécifiques. Sa principale limitation en médecine vétérinaire est son prix et le matériel nécessaire, d’où l’importance des dons. De plus, elle demande de l’investissement de la part du propriétaire, puisqu’il y a de nombreux contrôles à réaliser. Elle est à l’heure actuelle essentiellement réservée au chien, et rarement réalisée chez le chat.
L’implantation d’un pacemaker est une solution parfois obligatoire chez les animaux souffrant d’arythmies cardiaques incurables par traitement médical. Son utilisation connaît une évolution croissante, puisqu’il s’agit souvent de la seule manière d’améliorer l’espérance de vie d’animaux cardiaques.
Bibliographie :
1. François L, Chetboul V, Nicolle A, Carlos C, Borenstein N, Pouchelon JL., Pacemaker implantation in dogs: results of the last 30 years. Schweiz Arch Tierheilkd2004;146:335-44.
2. Nicolle A, Borenstein N, Tessier Vetzel D, Rouby M, Behr L, Pouchelon JL, Chetboul V., Exploration of a third degree atrioventricular block by standard echocardiography, tissue Doppler imaging, and treatment with a cardiac pacemaker in a German wire-haired pointer. Schweiz Arch Tierheilkd2004;146:81-7.