Si l’on demande au Dr Norin Chai (DVM, MSc, PhD, Dipl.ECZM) de nous parler de l’Aceh Wildlife Conservation Project (AWCP) qui est un centre de réhabilitation de la faune sauvage dans la province d’Aceh à Sumatra (Indonésie), voici sa réponse :
« L’Aceh Wildlife Conservation Project est un programme de conservation alliant science vétérinaire, recherche, conservation, pédagogie et développement durable. Il œuvre au sein d’une forêt primaire au nord de Sumatra, représentant le premier de son genre en Indonésie. Il répond à des besoins réels, formulés par les acteurs locaux eux-mêmes. Grâce à un centre vétérinaire moderne, il propose des soins aux animaux sauvages blessés pour les relâcher dans la nature, et participe à des programmes de conservation et de reproduction. Ses infrastructures hébergent des équipes de recherche de tous les domaines, travaillant aussi bien sur la flore que sur la faune. Il apporte à la région une expertise et un savoir qui soutiendra le gouvernement local dans ses démarches de sensibilisation et de pédagogie environnementale auprès des populations. Enfin, par leurs connaissances pluridisciplinaires, les équipes du projet peuvent apporter leur soutien dans des microprojets de développement durable. »
Ce projet ambitieux a pris forme le 25 août 2016 par un accord de principe entre le département des forêts et l’ONG KANCIL Indonesia. Il définit le Dr Norin Chai (association Yaboumba), le Dr Sébastien Laurent (association Boissière-Mervent Conservation du Zoo de la Boissière du Doré) et le Dr Zainal Bakri (ONG indonésienne KANCIL) comme experts du projet. Cet accord leur a permis de commencer à travailler à la préservation de 6600 hectares de jungle primaire dans la région d’Aceh située au nord de Sumatra.
Couvrant 470 000 km2, Sumatra est la sixième plus grande île du monde. Environ 12 millions d’hectares de forêt ont été détruits au cours des 22 dernières années, soit près de 50% de pertes. Sumatra abrite actuellement 201 espèces de mammifères et 580 espèces d’oiseaux. Certaines de ces espèces sont en danger critique d’extinction, avec notamment actuellement moins de 300 rhinocéros de Sumatra et moins de 400 tigres de Sumatra à l’état sauvage. La population d’Orang-outan de Sumatra a également décliné de 25% lors des 10 dernières années.
Depuis plusieurs années, la gouvernance d’Aceh a émis le désir de préserver le reste des forêts vierges sous sa juridiction. Parallèlement, des conflits liés à la cohabitation entre animaux sauvages et êtres humains ont émergé et progressé dans certaines régions de Sumatra. L’inquiétude réside en effet notamment dans la présence d’animaux sauvages en quête de nourriture sur les lieux de vie humains.
L’Aceh Wildlife Conservation Project a donc plusieurs objectifs : médecine vétérinaire, recherche, pédagogie, protection, conservation, et développement durable. En effet, la création d’un centre de soins équipé des dernières technologies diagnostiques et thérapeutiques permettra notamment d’apporter une expertise vétérinaire inestimable afin de mieux préserver et soigner la faune sauvage locale. Une équipe de vétérinaires internationaux sera ainsi à la disposition des vétérinaires locaux pour leur apporter la formation nécessaire afin qu’ils puissent au mieux protéger leur patrimoine et mieux sensibiliser les populations locales. Les animaux soignés seront ainsi directement relâchés dans la forêt protégée.
Le 1er décembre 2019, le « Yaboumba Wildlife Internship » a été officiellement créé : il s’agit d’un co-financement établi entre la Fondation Un Cœur et Yaboumba, l’association mère du AWCP.
Ce programme complète les deux clinicats du programme ICASE proposés en partenariat avec la Fondation Un Cœur et la Ménagerie du Jardin des Plantes : le Dr Pierre Huberdeau et le Dr Mathilde Gluntz ont ainsi été les jeunes vétérinaires à bénéficier de ces clinicats sur l’année 2019-2020. Le Dr Huberdeau a pu se former à la chirurgie et la médecine des animaux sauvages à la Ménagerie du Jardin des Plantes, et le Dr Gluntz s’est formée à la cardiologie des animaux sauvages à l’Unité de Cardiologie d’Alfort (École Nationale Vétérinaire d’Alfort) et à la Ménagerie du Jardin des Plantes. De quoi soigner les pathologies cardiaques des animaux sauvages pour encore longtemps !