La Fondation Un Cœur soutient le diagnostic, la prise en charge et les soins aux animaux malades et notamment atteints de maladies cardiaques, comme les sténoses artérielles

Tout comme l’Homme, les animaux peuvent naître avec des malformations cardiaques. Les rétrécissements des artères qui partent du cœur, que l’on appelle sténoses artérielles, comptent parmi les plus fréquentes du chien. Les sténoses artérielles représentent, en effet, plus d’un tiers des cardiopathies congénitales canines.

On distingue deux types de sténoses artérielles selon l’artère concernée : les sténoses aortiques et les sténoses pulmonaires. Dans les deux cas, elles peuvent être isolées ou associées à d’autres malformations cardiaques et vasculaires.

Les sténoses artérielles peuvent avoir trois localisations différentes, ce qui influencera ensuite leur prise en charge : l’obstacle peut siéger au-dessus de la valve (on parle alors de sténose supravalvulaire), au niveau de la valve elle-même (ce qui définit les sténoses valvulaires) ou sous la valve (la sténose est alors dite sous-valvulaire). Chez le chien, les sténoses aortiques sont dans 95% des cas des sténoses sous-valvulaires. Les sténoses pulmonaires sont, quant à elles, le plus souvent de localisation valvulaire, sauf dans certaines races comme le Bouledogue français, qui se caractérise par des obstacles complexes, combinés dans 80% des cas, d’où leur gravité potentielle, comme récemment démontré par l’équipe du Professeur Valérie Chetboul (Unité de Cardiologie d’Alfort de l’ENVA).

Chez l’Homme, les sténoses artérielles existent également et, si elles sont congénitales lorsqu’elles concernent la valve pulmonaire, elles sont surtout dégénératives lors d’une atteinte aortique. Les sténoses pulmonaires sont donc retrouvées le plus souvent chez des enfants alors que ce sont des personnes âgées qui sont le plus concernées par les sténoses aortiques valvulaires (https://www.msdmanuals.com/fr/, mots-clefs « sténose aortique » et « sténose pulmonaire », consulté le 21/11/2020).

Figure 1 : Représentation schématique des différents sites de sténose artérielle, ici au niveau de l’artère pulmonaire. (d’après http://www.cardiologiedesenfants.be/bon-coeur-coeur-malade/malformations-congenitales/malformations-congenitales-02.html​, consulté le 04/12/2020)

Figure 3 : Image d’échocardiographie 3D d’une sténose pulmonaire supravalvulaire (flèche grise) chez un chien, obtenue par abord parasternal droit. (crédits image : Unité de Cardiologie d’Alfort, Pr. Valérie Chetboul)

Ao : aorte ; CCVD : chambre de chasse du ventricule droit ; TP : tronc pulmonaire

• Peut-on soigner une sténose artérielle ?

La prise en charge d’une sténose artérielle dépend de sa localisation par rapport à la valve cardiaque. Lors de sténose importante, le premier axe thérapeutique est de limiter l’exercice physique du chien afin d’éviter toute fatigue excessive, l’apparition de syncopes, et bien sûr la mort subite.

Lors de sténose pulmonaire, la localisation valvulaire fait que le traitement de choix consiste en une intervention chirurgicale par une technique de dilatation par ballonnet. Cette technique consiste à introduire un cathéter muni d’un ballonnet dans la veine jugulaire et de le faire progresser jusqu’au site de la sténose. Une fois en place, le ballonnet est gonflé une ou plusieurs fois afin de dilater la zone. Cette technique, également utilisée chez l’enfant, a l’avantage d’être peu invasive (elle ne nécessite généralement que 24 heures d’hospitalisation post-opératoire, avec pour seul souvenir qu’un petit pansement dans la zone de l’encolure !). Elle fournit, de plus, de très bons résultats.

Lors de sténose aortique, la localisation majoritairement sous-valvulaire ne permet pas une prise en charge chirurgicale efficace sur le long terme. Le plus souvent, on se contente donc d’une activité physique limitée et d’une prise en charge des arythmies cardiaques si elles sont présentes avec des médicaments comme les bêta-bloquants. Chez l’Homme, l’atteinte étant différente puisqu’elle concerne la valve, le traitement chirurgical est possible. La sténose peut ainsi être dilatée par ballonnet, comme lors de sténose pulmonaire. Toutefois, la technique la plus couramment employée est celle de remplacement de la valve cardiaque par une prothèse, au cours d’une chirurgie à cœur ouvert ou par cathétérisme de l’artère fémorale, sans ouvrir le cœur.

Cette méthode « high tech » de pose de valve sans ouvrir le cœur a fait l’objet d’une première mondiale chez le chien, réalisée le 19 décembre 2018 grâce à des dons et aux compétences des équipes conjointes de l’Unité de Cardiologie d’Alfort du Professeur V. Chetboul, de l’IMMR à l’Institut Montsouris du Docteur N. Borenstein et celle des Urgences / Soins intensifs de l’ENVA du Professeur P. Verwaerde. Il s’agit d’une petite chienne dénommée Ida, atteinte d’une malformation complète de la valve pulmonaire. Chez Ida, une dilatation par ballonnet de la valve n’a pas suffi à stabiliser l’état d’Ida. Vous pouvez retrouver les articles à son sujet ici : http://www.fondationuncoeur.com/un-an-et-demi-apres-son-operation-ida-toujours-en-grande -forme/ ou encore https://www.animaux-online.com/article,lecture,1839_chirurgie-cardiaque-un-nouveau-c-ur-p our-ida.html​.

• Quel pronostic pour les chiens atteints de sténose artérielle ?

La durée de survie dépend de la gravité de la sténose, c’est à-dire de l’importance de l’obstacle. Si ce dernier est peu important, les chiens peuvent vivre des années voire toute une vie sans développer de signes cliniques. Si à l’inverse l’obstacle est important (exemple : surpression dans le ventricule de plus de 80 mmHg, la normale étant globalement inférieure à 20 mmHg), il a été montré que, s’il s’agit d’une sténose aortique, les chiens ont 16 fois plus de chance de mourir subitement, avec une médiane de survie de 19 mois sans traitement médical. D’où l’importance d’un suivi et d’un traitement adapté pour ces animaux, la prise en charge chirurgicale, si elle est possible, permettant d’améliorer nettement ce pronostic et de diminuer voire faire disparaitre les signes cliniques.

• Comment peut-on prévenir le développement de sténoses artérielles chez nos animaux de compagnie ?

Nous avons dit que certaines races étaient prédisposées au développement de sténoses artérielles avec, pour certaines, une part de facteurs génétiques responsables. Afin de limiter la prévalence de ces malformations dans les races les plus prédisposées. Il existe, dans certains pays, des programmes de dépistages pour les chiens, entre autres, reproducteurs. Ainsi, en France, le Pr. V. Chetboul a travaillé à la demande de l’Association Française du Boxer (et initialement le Boxer Club de France) pour mettre en place en 2005 un programme de dépistage de ces sténoses dans la race Boxer. Près de 3000 Boxers ont ainsi fait l’objet de ce dépistage depuis son instauration dont la conséquence bénéfique est actuellement un net recul de la prévalence de ces cardiopathies dans la race. Un programme équivalent a été mis en place en 2010 par le Pr. V. Chetboul avec le club français du chien Terre Neuve et du Landseer (CFCTNL). Ces programmes ont pour but de grader l’atteinte cardiaque de chaque futur reproducteur et d’écarter de la reproduction les sujets les plus atteints, afin de limiter la transmission de la maladie à leur descendance.

Chez le Boxer comme chez le Terre-Neuve par exemple, selon les protocoles ci-dessus mis en place, les chiens sont classés pour la sténose aortique du grade AS0 (indemne de sténose aortique) au grade AS3 (sténose aortique grave) et des grilles de recommandations sont disponibles pour orienter les accouplements.

Figure 4 : Grille de recommandation des accouplements en race Terre-Neuve, selon leur classification pour la sténose aortique (d’après le site internet du Club Français du chien Terre-Neuve et du Landseer : ​https://www.cfctnl.org/sante_pages.php?p=2​, consulté le 21/11/2020).

L’efficacité du programme de dépistage en race Boxer, mis en place depuis maintenant 15 ans et soutenu par la Fondation Un Cœur, a été étudiée récemment dans le cadre d’une thèse vétérinaire et a révélé une tendance à la diminution de la prévalence des deux types de sténose (aortique et pulmonaire) dans la race Boxer.

Les sténoses artérielles sont donc des affections cardiaques fréquentes chez le chien, et en particulier chez certaines races. Souvent peu symptomatiques, elles peuvent néanmoins être mortelles dans les formes graves. Le prise en charge peut être uniquement médicale ou chirurgicale. La Fondation Un Cœur participe au développement de nouvelles techniques pour guérir les chiens atteints de ces malformations, ainsi qu’aux programmes de dépistage permettant de diminuer la prévalence de la maladie dans les races prédisposées.